lundi 11 octobre 2010

Organiser la grève de la servitude volontaire

Ils/elles parlent de crises de sacrifices nécessaires pour sauver notre mode de vie, mais tous les sacrifices n'y changeront rien. Cela fait des années que nombre d'entre nous meurent au travail, gâchent leur vie derrière des machines ou des bureaux, ou sont abattu-e-s par la police. Tout ces sacrifices n'ont servi à rien et le capitalisme se contrefout bien de ce qu'il peut arriver à des individu-e-s qui ne sont au final que des rouages interchangeables, des statistiques dérivant à travers les graphiques de la production. Croire qu'il est possible de réformer le capitalisme, relève de la naïveté ou de la bêtise.

Cette mobilisation contre la réforme des retraites, témoigne de la volonté de nombres d'entre nous de ne pas laisser se dégrader encore des conditions de vies déjà misérables. La misère est la condition morale de tous les opprimé-e-s. Le plus aberrant est que cette misère est soigneusement organisée de manière a ce que nous y restions tous. Que ce soit la concurrence entre les salarié-e-s sur le "marché" du travail, ou au sein d'une même entreprise, la concurrence entre travailleurs/euses français-e-s et les travailleurs/euses sans-papiers/ères, tout les moyens sont bons pour dresser les individu-e-s les un-e-s contre les autres. Au final chacun-e, combat, détruit, rabaisse son/sa voisin-e, pendant qu'au dessus de cette mêlée générale, les patron-e-s et les bourgeois-e-s se gavent de caviar et de champagne en admirant ce spectacle d'un œil distrait. Chacun-e se satisfait de sa misère quand il/elle regarde celle de celui qui a encore moins, mais au final tout le monde reste dans la misère. Lorsqu'un-e ou plusieur-e-s individu-e-s décident de s'élever au dessus de leur condition d'esclaves et de lutter, la police, les syndicats, la justice, le salariat sont là pour leur rappeler où est leur place et bien souvent l'espoir d'une vie meilleure cède la place à la répression.
Il n'est pas question de se contenter du maintien du statut-quo sur les retraites, nous voulons TOUT.
C'est à nous de nous organiser collectivement, de la manière que nous jugerons appropriée pour reprendre ce qui est à nous. Le spectacle est un rapport social, une dépossession permanente de la vie, un système qui code tout ce qui nous entoure. Le capitalisme, pourrait bien redistribuer toute la production aux travailleurs/euses, les structures et les hiérarchies qui le composent maintiendraient tout le monde dans la misère la plus totale. La dépossession du travailleur/euses des moyens et du produit de son travail, ainsi que celle de son temps, la falsification des désirs et les substituts marchands qui nous sont servis pour les combler, c'est cela qui nous maintient dans la misère. Tout l'or du monde n'y changera rien.

La révolution c'est ce changement des modes de vie et de pensées qui nous amène à sortir des carcans que nous impose le capitalisme.
Pour obtenir une vie meilleure il est nécessaire de s'organiser tous/toutes ensemble de manière horizontale, c'est à chacun-e en fonction de celles/ceux qui l'entourent, de ses affinités, ses désirs et ses envies de participer à ce qui doit être un mouvement général vers une vie passionnante et passionnée. La grève, le blocages des flux, l'émeute, l'auto-réduction, le squat, la construction d'alternatives, les attaques informatiques sont quelques exemples de l'infinité des possibles qui permettent d'établir un rapport de force solide.
Les assemblés générales peuvent être le lieu de la construction d'un vrai rapport de force avec l'état et le capital, elles peuvent être le lieu où, au moyen de la discussion libre, s'élabore la mise à bas des fantasmes du spectacle. Pour cela il convient de garder à l'esprit que les syndicats, lorsqu'ils ne font pas que condamner à demi-mots une réforme des retraites qu'ils jugent nécessaire, appellent certes à la grève générale mais ne sont pas près à donner les moyen aux travailleurs/euses de l'organiser. Ils avancent le fait qu'il ne faut pas rompre l'unité syndicale ( celle qui oblige tout le monde à s'en tenir aux positions de jaunes patentés tels que chérèque ou tibault ), ou le fait de ne pas passer pour une minorité d'agité-e-s radicaux/ales déconnecté-e-s de la réalité. Le nombre de manifestant-e-s qui sont descendu-e-s dans la rue durant le mois de septembre, la multiplication des assemblés populaires en fRance ( paris, toulouse, caen,... ), les grève reconductibles appelées ( transport, santé ) ou en cours ( port de marseille, raffineries) dans divers secteurs, sont la preuve que ce qu'avancent les bureaucraties syndicales ne sont que des mensonges pour éviter tout durcissement du mouvement.
Il faut cesser d'attendre les ordres qui viendraient d'en haut et organiser la grève de manière locale et décentralisée. Il faut penser une multitude de modes de luttes adaptés à chacun-e, aux salarié-e-s d'une grosse boite, aux fonctionnaires, aux chômeurs/euses, aux précaires ou aux étudiant-e-s. Cette multiplicité des actions et des blocages divers, des actions collectives et des sabotages individuels, loin d'être une forme d'éparpillement des luttes, est au contraire ce qui ferait du vaste mouvement social à venir quelque-chose d'insaisissable pour les structures répressives, et qui permettrait d'établir un rapport de force dont la puissance sera proportionnelle à sa diffusion dans la société.
La séparation entre un temps politique qui serait celui de la manifestation, de l'AG, du piquet de grève et le reste de la vie, permet de contenir le mouvements dans les espaces alloués à la contestation sociale. Ce sont des soupapes servant à évacuer la colère de ceux/celles qui sont dans la misère. La lutte doit s'installer dans chacun des aspects de la vie quotidienne. Il n'est pas question de sacrifier sa vie à une hypothétique cause, à un intérêt supérieur; mais au contraire de remettre ses intérêts réels au centre de sa vie, et de construire la révolution du quotidien.



La société telle qu'elle est aujourd'hui n'est plus qu'un grand machin informe et pourrissant qui ne subsiste que par la force de l'inertie de chacun-e. Pour en finir avec il suffit de provoquer un bordel suffisant à sa désagrégation.
Chaque barrière qui s'effondre, chaque préfecture qui brûle, chaque usine détournée par ses salarié-e-s, chaque maison occupée est un énième petit séisme dans la tectonique des classes susceptible de provoquer un bouleversement complet dans le monde.

La guerre sociale continue, nous sommes leurs soldats, retournons leurs armes contre eux!