mardi 3 novembre 2009

Vite ! De l'argent pour les riches avant qu'ils ne meurent de faim !

Il y avait urgence. Les pauvres malheureux frappés tous les ans en plein coeur par l’horrible impôt sur la fortune, l’ISF, se mouraient l’un après l’autre. Mais, heureusement, il semble qu’un peu de lumière vienne éclairer leur avenir jusque-là si sombre. Assez de tergiversation, et voilà l’info directe : il se dit qu’il se prépare une petite réduction d’impôts pour ces démunis. Ils vont pouvoir respirer un peu d’oxygène grâce à nos archanges de la refondation du KKKapitalisme. La junte UMPatronale veille et ne laissera pas un pauvre hère de l’ISF dans le besoin. Vite, du fric !

Enfin revigorés, nos amoureux du pognon à s’y noyer vont pouvoir « investir dans les PME » (voir plus bas), créer de l’emploi, et donc nous sauver tous, salariés, chômeurs et autres trop bêtes pour comprendre que, pour aider le populo et améiiorer son train de vie, il faut donner toute la thune aux riches, et aussi tous les droits, tous les pouvoirs, en fait, tout.

Donne au riche, ta retraite, tes congés payés, ton hôpital, ton smic, ta sécu, ton code du travail, ton école, tes libertés, ton temps, ta vie, ton environnement, ta santé, ton eau, ton alimentation, ton climat, ta faune, ta flore, ton ADN, le ciel te le rendra, au centuple ! Ça ressemble furieusement à de la pensée religieuse, d’ailleurs, on entend tous les jours à la radio publique (surtout celle qui se répête toutes les cinq minutes) de véritables mantras, les cours de la Bourse qui, à travers la litanie des chiffres, nous disent en vérité non les cours de la Bourse - en fait, si, mais ce n’est pas leur but, car 99,999 % des auditeurs s’en banlent et ceux qui s’y intéressent vraiment prennent l’info ailleurs - mais « aime la bourse, aime le marché, aime la capitalisme et, si tu ne l’aimes pas, résigne-toi ’zy, il est la seule voie, quand il pleut on ne milite pas pour abolir la pluie hein ? ».

Pensée religieuse car, en attendant le bonheur des travailleurs (blabla ils vont investir blabla créer de l’emploi blabla vous verrez ça ira mieux blabla si, si, un jour viendra forcément tout le monde y trouvera son compte etc.) qui viendra du ciel après la mort, en attendant le paradis social de la Sainte Croissance éternelle qui - croyez vous aux miracles ? non ? faudra bien vous y mettre ! - fera fi des ridicules contraintes physiques de la planète aux ressources limitées, nous vivrons un enfer social de plus en plus dur. Les voies du seigneur sont impénétrables. Ceux qui trônent tout en haut, au sens propre ou symbolique, ont la fâcheuse habitude de toujours nous faire suer à en crever avant des jours meilleurs qui n’arrivent jamais. Ils auraient tort de se priver de ce genre de mascarade, ça marche encore !

Les riches n’ont donc qu’une seule obsession dans la vie, créer de l’emploi, air bien connu, si seulement on les étranglait un peu moins avec de vieilles contraintes sociales. Figurez-vous qu’on est encore obligés, en France même par exemple, repeinte dernièrement en $arkozystan doré, de payer les gens qui viennent travailler, et plus qu’en Chine, pour moins d’heures de travail ! En attendant la fin de cette honte, un petit sucre à nos amis ne sera pas du vol.

$arkozy Nicolas l’a dit, il ne touchera pas au paquet fiscal. Mais cette largesse annuelle ne suffit pas aux riches, il leur en faut toujours plus ! Une telle obsession de l’argent montre bien à quel point ils ont dû souffrir. Faute de contrainte sur leurs têtes faisandées, hé ben, ils prendront toujours plus, et rien ne les arrêtera. Un certain Guillaume $arkozy, frère de l’autre, l’a d’ailleurs dit en 2005 - et depuis il n’a pas dû changer d’avis - « Assez de faux-semblants : la perte d’emploi, la déstabilisation industrielle, c’est normal, c’est l’évolution » , le bon frère, qui faillit devenir chef du Medef (il disputait alors le steak à Laurence Parisot), n’ayant pas hésité à se déclarer « pour l’ouverture des marchés avec toutes ses conséquences » [1]. Famines à venir ? Effondrement social ? Crash écologique ? Impasse énergétique ? Il prend tout à son compte le monsieur ? Ok ! En tous cas, on pourra dire qu’il y avait préméditation.

En plus, on avait bien besoin de ça, après la spectaculaire reddition de l’intersyndicale qui nous propose d’enterrer les luttes le 1er mai prochain, « l’élite », comme on dit, a très bien entendu le message - « allez-y, nous ne nous battrons pas ». Ses mains sont totalement libres.

Alors, dans cet entre-deux, entre suicide syndical de boutiques jaunies devenues collabos, et la construction à la base, toujours en devenir, d’un mouvement de résistance, de luttes et de reconquête sociale, pourquoi se gêner ? « Le gouvernement envisage de relever de 50 000 à 100 000 euros le plafond des sommes donnant droit à une réduction de l’impôt de solidarité sur la fortune, en cas d’investissement dans une PME, affirme, vendredi 3 avril “La Tribune” » peut-on lire dans lemonde.fr du 3/4/2009. Un cadeau parmi de nombreux autres à venir. Les crevures dégénérées, asociales et avides de fric qui ont volé le monde (le vrai monde, pas le journal) sècheront tout, jusqu’à nous tuer. Ou, si vous voulez, ils prendront tout, « avec toutes les conséquences ».


[1] Citations de « On ne peut pas desserrer l’étau ou on ne veut pas ? », François Ruffin, Le Monde diplomatique n°660, mars 2009, p. 20.

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