Depuis l’avènement de la société bourgeoise, le travail est une valeur centrale. Pour être plus précis, nous parlons du travail salarié, cette activité devenue une marchandise, possédant donc une valeur d’usage et une d’échange. Cette marchandise obéit aux lois du marché, avec son lot de concurrence, d’exploitation, de domination. Au sein de ce marché, l’acheteur - le capitaliste - est toujours en position dominante par rapport au vendeur - le travailleur. L’Etat est l’instrument pour maintenir cette domination. Ainsi les classes sociales sont en conflit permanent l’une cherchant à maintenir sa position dominante, les autres essayant de s’aménager des espaces vivables pour les personnes les composant ; des minorités veulent remettre en cause leur situation de dominés et d’exploités.
Le capitalisme n’est pas aménageable, dans le sens où il ne peut exister que par les rapports sociaux fondés sur l’exploitation et la domination. Il est toujours obligé d’être dans une fuite en avant et sans fin, toujours à la recherche de profits croissants : le développement. Les exploités dans les pays dominants subissent quotidiennement ses effets dévastateurs. Les pays du Sud (dits en « développement ») en payent un lourd tribu. L’introduction aux forceps, dans la plupart des anciennes colonies, de ce concept à la fin de la seconde guerre mondiale a « développé » les rapports inégaux que nous connaissons à l’échelle de la planète, générant le néocolonialisme. Les populations des pays « émergeants » ne s’en sont pas encore remises, pire elles voient leurs conditions de vie se dégrader. Les gouvernements locaux, instruments des pays dominants (l’Etat français fait parti des plus actifs dans le cadre de la politique francafrique), ne sont pas en restes et sont là pour maintenir un ordre impérialiste où dominent les échanges inégaux.
Le développement (logique intrinsèque au capitalisme) impose de transformer tout notre environnement en marchandises, limitant financièrement l’accès à des besoins vitaux, comme l’eau, la nourriture, les rapports sociaux (les fameux emplois de service)... Le productivisme est donc l’alpha et l’oméga du capitalisme, au détriment de l’environnement et du respect de la dignité humaine. La crise écologique devient un problème majeur que les capitalistes et autres décideurs politiques n’arrivent pas à résoudre. La planète commence à donner des signes de fatigue : réchauffement climatique, montée des eaux, pollution de plus en plus importante... Cela conduit à s’interroger sur les possibilité de maintenir la vie, en particulier, humaine sur la terre.
Pendant longtemps, on nous a présenté le capitalisme comme source de progrès : progrès technologique, progrès pour l’humanité... Mais celui-ci est source de destruction, d’anéantissement, de mort. Le XXe siècle en est une démonstration évidente. Il est le siècle le plus meurtrier de l’histoire de l’humanité. Ce progrès, fondé sur la domination, l’exploitation, l’instrumentalisation des êtres humains à des fins qui leur échappent totalement, n’a permis que quelques uns puissent vivre (les Trente glorieuses) en bénéficiant de la destruction d’une grande partie de la planète et des populations. Maintenant, les reculs sociaux font que pour une partie de plus en plus grandissante de la population des pays du Centre tend à vivre les conditions que connaissent les personnes vivant au Sud.
Pour imposer les conditions d’exploitation que nous connaissons depuis au moins deux siècles, il a fallu rendre le travail salarié comme un élément indispensable à la vie en société ; autrement dit, il a fallu mettre en place des conditions matérielles et idéologiques n’offrant quasiment aucun échappatoire à la dure réalité de l’exploitation.
Pour pourvoir aux besoins matériels de notre existence, il est très difficile d’échapper au salariat. Au niveau idéologique, le travail doit être une valeur centrale.
La remise en cause de cette centralité et de la dépendance matérielle au travail salarié est un enjeu majeur si l’on souhaite que les êtres humains trouvent une place centrale dans les rapports sociaux. Ainsi, on peut espérer construire une autre organisation sociale fondée sur l’égalité sociale et la solidarité. Actuellement, seule une minorité détermine les finalités de la société, en fonction de leurs intérêts privés au détriment des besoins et des aspirations de la majorité de la population. Comment s’organiser socialement pour que nous déterminions collectivement et sans volonté dominatrice ce que nous produisons et à quelles fins ?
Dans cette perspective, le travail (non plus salarié) doit trouver sa place : une activité socialement utile parmi d’autres.
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